Classé dans : Musique & Music
Roxy Music, Modelling M&S’s ‘glam rock art student’, 1972. Photograph : Brian Cook/Redferns.
J’ai choisi cette semaine un titre de Roxy Music, « Avalon », sorti sur l’album éponyme en 1982 sur le label EG, leur dernier album studio à ce jour.
Fondé en 1971 par Brian Ferry, Brian Eno et Andy Mackay, rejoint très vite par Graham Simpson, le groupe anglais montre d’emblée sa patte glamrock et s’inspire de l’art conceptuel, en particulier d’Andy Warhol. Le premier album, Roxy Music, est un grand succès décadent, mais, très vite, Brian Eno et Brian Ferry s’écharpent sur la direction musicale : Eno s’en ira vite créer son univers novateur et électronique ailleurs, tandis que Ferry imprimera plus durablement encore sa marque sur le groupe. Personnellement, j’ai découvert le groupe dans les pages de la bible paternelle – un hors-série de Rock & Folk de 1995 –, qui me servira de phare pour défricher ce continent presque inconnu qu’était pour moi le rock, dans toute sa diversité. Et, avant de m’y frotter vraiment, j’entends « Love is a drug », morceau génial, dans le Casino de Scorsese. À la première écoute de ce premier album, je ne saisis pas tout, mais je bande musicalement : je trouve cet objet musical bariolé mais foutrement cohérent, richement truffé de références sans pouvoir apercevoir le dixième de cette richesse, et irréductiblement moderne ; j’y discerne notamment des accents pré-Devo (j’ai eu connaissance de Q: Are We Not Men? A: We Are Devo!, qui date de 1978, avant Roxy Music). Le morceau choisi ici sonne résolument eighties, mais donne à voir une certaine idée de la classe, un peu désuète, certes, old fashioned, mais que j’interprète aussi (sans encore avoir traduit les paroles) comme un appel à l’abandon hédoniste avec une jeune femme inaccessible, type papier glacé1, sur une plage de sable fin, enivré de cocktails à vingt dollars… Il me faut avouer que j’ai découvert ce morceau… dans un pub H&M, réalisée en 2012 par Sofia Coppola, dont j’aime beaucoup les films et les thématiques. Ceci explique cela ! (D’ailleurs, la publicité est plutôt bien branlée : on a envie de se retrouver grand bourgeois mais bohème, avec ces mannequins dans une villa pour une fête décadente, piscine, Grey Goose et cocaïne.)
Je tiens quand même à rassurer mon lectorat : si une partie de cette chronique ressemble à un placement de produit, je rappelle que H&M reste une firme capitaliste qui exploite des ouvriers au Bangladesh ou en Éthiopie, utilise la corruption pour les audits de ses usines, travaille avec des gens peu recommandables et procède à l’évasion fiscale (voir documentaire ci-dessous). Qu’on ne vienne pas me prendre pour quelqu’un d’autre…
Documentaire de Marie Maurice, « Le Monde selon H&M », produit pour l’émission Spécial Investigation (Canal +) en 2014
Bonus : Roxy Music, « Ladytron », sur leur premier album, Roxy Music, en 1972
1Roxy Music aime à soigner ses pochettes, affichant dans des poses glamour et sexy Kari-Ann Muller (1972), Amanda Lear (1973), Marilyn Cole (1973), Constanze Karoli et Eveline Grunwald (1974), Jerry Hole (1975), ainsi que des inconnues (1979, 1980)…
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